Histoire du JAPON
d’après un texte de Paul Waelkens ( iaï-do )
Quatre grandes îles principales – Honshu, Hokkaido, Kyushu, Shikoku – et plus de mille îlots, constituent le JAPON qui s’étend sur plus de deux mille kilomètres et s’inscrit dans un immense arc de cercle jadis relié au continent de part et d’autre de l’actuelle mer du JAPON. Ces liens de terre ferme ont pu permettre un accès relativement aisé aux premières peuplades venant s’établir sur ce qui deviendra un archipel ( vers le 8e millénaire av. J.C. ), cela après l’affaissement du plateau continental, consécutif à de forts mouvements telluriques. Il ne subsistera alors qu’un archipel de terres émergées, se prolongeant toutefois par les îles Kouriles et les Philippines au sud, en formant une chaîne ininterrompue de relais favorisant la migration de populations diverses.
Les îles de Tsushima et d’Iki permettront de leur côté des étapes maritimes, ne dépassant pas quatre-vingts kilomètres, entre la COREE et le JAPON
Jomon : 5000 ans av. J.C., 300 av. J.C. Les différents groupes tribaux de l’époque néolithique, subsistant grâce à la cueillette, la pêche et la chasse, utilisaient des armes et des outils de pierre, de bois et d’os dont on a retrouvé de nombreux exemplaires dans les sites archéologiques. Les fouilles effectuées permirent aussi de mettre à jour des vases et des poteries, décorés par pression sur l’argile de tresses ou de cordes dont le nom japonais, jomon, a été repris pour identifier l’époque pendant laquelle ces techniques ont été utilisées. Cette période s’étend du cinquième millénaire au troisième siècle av. J.C. Yayoi : 300 av. J.C., 300 ap. J.C. L’art de la poterie évolua avec l’utilisation du tour de potier, contemporain de l’apparition des premiers objets en bronze venant du continent : miroirs, pointes de hallebardes, épées courtes à double tranchant.Cette civilisation, caractérisée par des poteries faites au tour, est appelée yayoi, du nom du quartier de TOKYO où furent découvertes pour la première fois des céramiques de ce type. Durant cette période, l’apparition d’une culture de plus en plus évoluée ( riziculture irriguée) permit une sédentarisation qui facilita le développement des techniques de travail du métal, apportées par les immigrés coréens et reprises par les forgerons japonais. Ceux-ci furent amenés à refondre une partie des objets provenant du continent afin de suppléer à l’absence de matière première, l’extraction et l’affinage des minerais n’étant pas encore maîtrisés. Au IIIe siècle, les envoyés chinois des Wei signalent dans leurs chroniques que le JAPON ( Wa ) était constitué d’une multitude de petits Etats dont certains était dirigés par des femmes. C’est l’une d’elles, Jingo KOGO, devenue impératrice, qui ordonna, plus tard, la conquête de la COREE ( vers 360 ap. J.C.). Ere des Kofun (300-552) L’aube du IVe siècle vit apparaître, pour ensevelir les dignitaires et chefs de guerre, d’immenses tumulus, successivement de forme ronde, carrée, ou en « trou de serrure », portant le nom de kofun. Entourées de figures d’argile ( haniwa ) représentant entre autres des guerriers et des chevaux harnachés, ces sépultures recelaient aussi divers objets étranges en forme de griffe ou de cloche sans battant ( magatama et dotaku ) ainsi que des armes de bronze et de fer semblables à celles utilisées par les guerriers chinois. Parmi les armes de cette époque qui sont parvenues jusqu’à nous, il est difficile de différencier celles qui ont été importées, des autres, fabriquées au JAPON par des forgerons coréens, chinois ou japonais. Elles sont pour la plupart de forme droite à un seul tranchant, en bronze, en fer, ou en acier incorrectement trempé. Période Asuka (552-710) A partir des Ve et VIe siècles, la société japonaise se construisit. Les clans ( uji) regroupaient des tribus dirigées par un chef héréditaire, lui-même placé sous l’autorité de chefs puissants de la province du Yamato, qui prétendait descendre de la déesse du Soleil. Ces clans étaient eux-mêmes divisés en groupes professionnels ( be ). Ces structures hiérarchiques héréditaires posèrent les bases de l’organisation sociale japonaise. Les contacts fréquents avec le continent, le mouvement continu d’émigration chinoise et coréenne vers le JAPON facilitèrent l’influence de la civilisation continentale sur l’archipel. L’écriture chinoise fut adoptée au Ve siècle. Le bouddhisme, introduit officiellement à la Cour du Yamato en 552, devint le principal véhicule de la pensée et de la culture chinoise qui s’implantèrent durant toute la période Asuka. Période Nara (710-794) De nouvelles institutions furent adoptées, inspirées de celles des T’ang, dont la capitale servit de modèle pour l’édification de la ville de Nara ( en 710 ). Nara, première capitale permanente, fut témoin du souci des maîtres du JAPON de justifier de leurs origines divines. Pour cela, les compilations historiques du Kojiki (712) et du Nihonshoki (720) furent commandées. Ces chroniques demeurèrent, jusqu’au début du XXe siècle, les versions officielles de l’origine du JAPON et faisaient remonter la lignée impériale à Jimmu, fondateur de l’empire du Soleil et arrière-petit-fils de la déesse Amaterasu. Ces documents, qui sont les plus anciens écrits de l’histoire du JAPON, relatent l’arrivée sur Terre d’Izanagi et d’Izanagi, le couple divin qui créa l’archipel nippon. Ces dieux procréèrent ensuite divers génies. La naissance de l’un d’eux ( le génie du Feu ) étant fatale à Izanami sa mère, Izanagi, furieux, trancha de son sabre la tête de l’enfant. D’Izanagi naquirent ensuite d’autres divinités : Tsuki Yomi, » la Princesse de la Lune » ; Susano, » le Prince Bâtisseur » ; et Amaterasu, » la Déesse du Soleil « . Cette dernière, à la suite d’une querelle violente avec son frère Susano, se réfugia dans une grotte et la Terre fut plongée dans l’obscurité. Pour la faire sortir, les dieux placèrent devant son refuge des bijoux et un miroir et firent danser une princesse céleste. Amaterasu, intriguée, sortit de sa cachette et la Terre fut de nouveau illuminée. Pour punir Susano, les dieux l’envoyèrent sur Terre. Celui-ci tua de son sabre un monstre à huit queues. En tranchant la dernière, il découvrit un sabre magnifique auquel il donna le nom de » Sabre Assembleur de Nuages « . Plus tard, Amaterasu délégua sur Terre son petit-fils, Ninigi no Mikoto, après lui avoir donné trois précieux cadeaux : un miroir, un collier et un sabre. C’est l’un des descendants de Ninigi no Mikoto, qui, sous le nom de Jimmu Teno ( empereur Jimmu ), sera le premier des empereurs d’origine divine qui régneront sur le JAPON jusqu’à nos jours. Ce sont les trois précieux symboles apportés par Ninigi no Mikoto que l’on retrouve dans le Régalia impérial. Le » Siècle de Nara » fut riche et fécond; la capitale, rigoureusement organisée avec ses larges avenues découpant les quartiers en damier, était en partie couverte d’édifices imposants : palais, riches demeures de notables, temples bouddhiques somptueux. Aux frontières, les guerriers japonais guidés par la voie de l’arc et du cheval ( kyuba no michi ), repoussaient les populations nomades révoltées ( Aïnus en 780 ) qui harcelaient les frontières. La demande de sabres s’accroissait, l’art des forgerons, encore primitif, marquait quelques progrès, il fallait procurer à l’armée quantité de lames de plus en plus efficaces. Les techniques de fabrication et les procédés de trempe s’améliorèrent. Heian (794-1185) En 794, à l’emplacement actuel de KYOTO, une nouvelle capitale fut édifiée, Heian-kyo, qui donnera son nom à une période historique s’étendant sur près de deux siècles. Malgré la rupture des contacts directs avec les T’ang, la Cour accorda une grande importance à l’architecture, la littérature, ainsi qu’au mode de vie raffiné empruntés à la Chine. La puissance des aristocrates de Cour, meilleurs poètes que guerriers, déclina. Les féodaux provinciaux se dégagèrent de la tutelle directe de la Cour et devinrent de plus en plus autonomes, fondant leur propre Maison militaire ( buke ). L’éducation et la formation des guerriers étaient assurées au sein de la famille ou du clan. Des instructeurs, choisis parmi ceux qui avaient prouvé leur efficacité sur les champs de bataille, dispensaient un enseignement martial dans lequel la formation littéraire tenait peut de place. C’est à cette époque que les premières écoles ( ryu ) de bujutsu furent fondées, amenant la codification de quelques techniques. La maîtrise d’une grande variété d’armes était alors indispensable pour assurer la sécurité intérieur et repousser les attaques des barbares du nord ( Aïnus ) et du sud ( Kumaso ). La pénurie de métal qui avait sévi avant la période Nara était terminée; les Japonais exploitaient les gisements de minerais de fer, de cuivre, d’or et d’argent, fournissant le métal aux forgerons qui commençaient à exprimer leur talent. C’est au début du VIIe siècle que la légende évoque le forgeron Amakuni de la province du Yamato qui aurait créé le premier sabre à lame courbe et à un seul tranchant. Cette arme blanche deviendra la plus prestigieuse des siècles à venir. En réalité, le sabre le plus ancien, possédant les caractéristiques du katana, est dû probablement au forgeron Yasutsuna de la province de Hoki, qui exerçait son art dès le début du Xe siècle. Les troupes provinciales, bien armées et entraînées, portaient leurs efforts sur les frontières, luttant loin de la Cour qui nomma un « Général en chef contre les barbares » ( Seite-shogun) en 797. Le pouvoir central s’affaiblissant et les troupes provinciales étant occupées à étendre les domaines frontaliers, l’insécurité à l’intérieur du pays se développa. Issus des différents clans, des groupes de guerriers se formèrent ( bushidan ). Des hommes d’armes furent alors recrutés afin d’assurer la protection des biens et des personnes. On leur donna le nom de samouraï, issu du mot verbal saburo, « celui qui est proche, celui qui sert » impliquant l’idée de subordination. Deux clans importants, les Taïra ( Heike ) et les Minamoto ( Genji ) opposeront leurs bannières vert clair et pourpres pendant plus d’un siècle. Après une victoire provisoire des Taïra en 1160, les Minamoto, sous la direction de Yorimoto, prirent finalement le dessus, concrétisant leur victoire à la bataille navale de Dan no Ura, en 1185, dans laquelle l’empereur, alors âgé de sept ans, péri noyé. Ces combats épiques sont consignés dans l' »Histoire de la Maison des Taïra » ( Heike Monogatari ), rédigée après les événements, entre 1220 et 1240. Issue de ces combats, une éthique guerrière, non écrite, pris forme. La loyauté, l’honneur, l’obéissance absolue au supérieur et le mépris de la mort – renforcés par les préceptes du zen introduit en 1191 – furent considérés par les guerriers ( bushi ) comme un code moral qui ne devait pas être transgressé et servira, par la suite, de base à l’élaboration du Bushido. Le dévouement de ses guerriers permit à Yorimoto d’établir une dictature militaire dont il prit la tête après s’être fait nommer shogun par l’empereur. Sa puissance fut renforcée par la création d’un bureau des samouraï ( samouraï dokoro ), chargé des affaires militaires, de la réglementation de la vie des bushi et de l’attribution des charges et récompenses. Kamakura (1185-1333) Après la mort de Yorimoto en 1199, le pouvoir fut accaparé par les régents Hojo dont le gouvernement ferme assura une certaine prospérité au JAPON pendant une partie du XIIIe siècle. Cette période de paix relative, sollicitant peu leur efficacité guerrière, permit aux bushi des classes supérieures de consacrer plus de temps à une formation littéraire et intellectuelle. C’est aussi entre le XIe et le XIIIe siècle que les lames les plus parfaites furent forgées. Regroupés dans chaque province dans des lieux où l’accès aux minerais et au charbon était facile, les forgerons développèrent leur propre style en gardant jalousement leurs secrets de fabrication. Les Sankei de Bizen, Kanehira, Sukehira, Takahira; les Sanjo de Yamashira ( Kyoto ), Yoshiie, Arinuki, Kanenaga; et plus tard, les Sansaku, Masamune, Yoshimitsu, Yoshihiro; sont parmi les plus fameux kaji. Les sabres issus de leur production sont qualifiés de koto ( vieux ) par opposition aux lames shinto, fabriquées après 1536. Dès cette époque, les sabres terminés étaient testés par des experts, des essais de coupe pratiqués ( tameshigiri ), la beauté de la lame et des montures évaluée. Les certificats délivrés mentionnaient le nom du forgeron, la date de fabrication, le résultat des tests, ainsi que l’appréciation des experts. Si le JAPON connaissait une paix relative à l’intérieur, il n’en fut pas de même aux frontières. Les hordes mongoles de Kubilaï Kan, après avoir soumis la Corée, tentèrent un premier débarquement, en 1274, dans la baie de Hakata. Ces 25000 soldats, tacticiens accomplis, utilisant des arcs puissants et des engins explosifs, seraient probablement parvenus à s’établir si les marins coréens, craignants une tempête, ne les avaient persuadés de remonter à bord des embarcations qui furent alors dispersées par un violent orage. En 1281, une seconde tentative d’invasion, rassemblant plus de 150000 Mongols, fut faite sur l’île de Kyushu. Après cinquante jours de luttes indécises, un typhon providentiel balaya pendant deux jours la zone des combats, amenant la déroute des Mongols dont les bateaux malmenés ne furent plus que des épaves. Les survivants restés à terre furent impitoyablement massacrés. Les Japonais, convaincus que ce typhon était envoyé par les dieux, lui donnèrent le nom de Kamikaze ( vent divin ). Ce nom sera repris par les pilotes japonais de la Seconde Guerre mondiale qui se sacrifièrent pour leur nation en précipitant leurs avions chargés d’explosifs sur les navires ennemis. Muromachi – Hashikaga (1333-1573) Les deux invasions mongoles repoussées démontrèrent l’esprit de décision des clans et de leur puissance militaire vis-à-vis du pouvoir central. Les bushi, qui avaient dû consentir un important effort financier pour s’équiper et s’armer – lorsque le régime de Kamakura les avait appelés – ne reçurent aucune récompense car leur victoire sur les envahisseurs mongols n’avait laissé aucun butin. Aussi, quand l’empereur Go-daigo tenta de rétablir son autorité en 1331, il fut soutenu par les clans de l’Ouest mécontents. En 1333, le chef de guerre Ashikaga Takauji, envoyé pour combattre l’empereur, se rangea à ses cotés, puis peu de temps après, le chassa de Kyoto et installa sur le trône un fantoche. Go-daigo s’étant réfugié à Yoshino, deux Cours coexistèrent jusqu’en 1392. Après s’être attribué le titre de shogun, Ashikaga Takauji s’installa à Muromachi, quartier de Tokyo qui donnera son nom à la période du shogunat des Ashikaga. Au cours des ans, le pouvoir central s’affaiblissant, la situation intérieure se détériora, le pays fut en proie à une désorganisation totale : rébellions de paysans affamés, bandes armées ravageant les campagnes ou contrôlant les villes. Mais, paradoxalement, ce shogunat fut aussi une ère de développement économique et social. Les contacts avec la Chine et surtout l’esthétisme ZEN, alors à son sommet, influencèrent profondément les formes artistiques japonaises qui connurent un renouveau spectaculaire ; notamment le théâtre (nô), la cérémonie du thé (chado), l’art des bouquets (kado) et des jardins, l’expression picturale, et les fabrications artisanales (céramiques, sabres et montures au formes dépouillées). A la suite d’un différent sur le choix du successeur du shogun YOSHIMASA, la guerre d’ONIN (1467-1477) éclata, prélude à la période de guerre civiles connues sous le nom » d’âge des Royaumes Combattants « .(Sendoku Jidai). Pendant plus d’un siècle ces luttes endémiques permettront aux samouraï de mettre parfaitement au point leurs techniques de combats. Pour survivre, le bushi devait parfaitement maîtriser l’ensemble des bujutsu (bugei) et il délaissait volontiers la formation intellectuelle au profit de l’efficacité au combat. En ces temps troublés, les mêlées confuses l’obligèrent aussi à mettre un accent particulier sur l’emploi des techniques contre plusieurs adversaires. L’utilisation de certains types d’armes se développa. La naginata – hallebarde à longue lame courbe, proche de celle du katana – fit des ravages dans la cavalerie et obligea les armuriers à modifier les protections des bushi en ajoutant des jambières (sune ate) renforcées. Les techniques redoutables de la naginata seront reprises sous l’ère Edo et codifiées. Pratiqué principalement par des femmes cet art est arrivé jusqu’à nous sous le nom de naginata-do. De leur côté, sans cesse sollicités, les Kaji se surpassaient afin d’équiper les combattants et satisfaire la demande de lames de qualité. La fabrication des armes et protections connut alors un essor prodigieux. Les sabres japonais acquirent une telle réputation qu’il était exportés dans toute l’Asie, servant parfois de monnaie d’échange pour procurer aux Japonais les soies et les porcelaines chinoises. La pratique des arts martiaux connaissait son apogée et rien n’était négligé pour la formation des bushi de l’époque pour qui la qualité de l’entraînement aux disciplines martiales était vitale. Les écoles (ryu) de bujutsu, innombrables et actives, soumettaient alors la valeur de leur enseignement au verdict sans appel des combats. Les fondations d’écoles de kenjutsu, reprenant les techniques codifiées par Choisai et Jion vers 1350, se multiplièrent. Issues des plus anciennes datant des XIVe et XVe siècles – Nen ryu, de Yoshimoto Sanoshiro; Katori Shinto ryu, de Choisai Ieano (1387-1488) – d’autres écoles virent le jour – Aisu Kuge ryu, d’Aisu Izo (1452-1538); Bokuden ryu, de Tsukahira Bokuken; Shinkage ryu, de Kami Izumi Musashin o Kami Nobutsuna; Kage ryu; Chiyo ryu; Ito ryu; … Les entraînements virils provoquant de nombreux accidents, l’emploi du sabre nu fut remplacé progressivement par l’emploi du bokuto, appelé plus tard bokken. Ce sabre en bois, manié par les experts, devint à son tour une arme mortelle. ( Miyamato Musashi défit et tua son premier adversaire en utilisant un bokken ). Les professeurs (sensei) imposèrent alors l’emploi de protections (men,kote) qui serviront de base, à la fin du XIXe siècle, à l’élaboration des armures de kendo après l’adjonction de la protection de poitrine (do). Le sabre d’entraînement (shinaï), mis au point par Nakanishi Chuta, n’apparaît qu’en 1750. Dérivé du fukuro shinaï, employé par les écoles Nen ryu, et Shin Kage ryu et constitué d’un bambou entouré de cuir, ce nouveau shinaï était composé de 30 à 60 lames de roseau et recouvert de tissu fort. Il sera encore modifié par la suite et réalisé à l’aide de quatre lames de bambou ficelées, puis complété d’une garde de cuir bouilli. Ce sont des shinaï de ce type qui sont utilisés de nos jours pour la pratique du kendo. Parallèlement au kenjutsu, la plupart des écoles enseignaient l’art de « dégainer » le katana (iaï-jutsu). Des techniques limitées étaient connues depuis longtemps, liées à la forme courbe du sabre japonais, elles ne pouvaient être antérieures à l’époque Nara. D’autre part, la systématisation du port du katana, passé dans la ceinture (obi), le tranchant vers le haut, favorisa le développement de techniques nouvelles. La tradition attribue à Hojo Jinsuke Shinegobu, plus connu sous le nom d’Ayashisaki Jinsuke Shinegobu, la première systématisation de l’art du iaï indépendamment des écoles de kenjutsu. Né dans la vieille province de Sagami, le génial fondateur du iaï, après avoir longtemps pratiqué à Tateoka-cho au temple de Hayashisaki Myojin, fonda sa propre école appelée Hayashisaki ryu ou Shingobu ryu. Il avait alors défini son système, orienté spécifiquement vers la défense et lui donna le nom de batto jutsu. Les successeurs d’Hayashisaki appelleront ce style Shin Muso Hayashisaki ryu. Celui-ci a été fidèlement transmis. Il est connu et pratiqué de nos jours sous le nom de Muso Shinden Ryu, l’école de iaï-do la plus populaire du Japon. Pour le iaï-jutsu, Tenshin Shoden Katori Shinto ryu fondée par Izasa Ieano (1387-1488) donne l’exemple d’une école qui a su, à travers les vingt maîtres qui la dirigèrent depuis sa fondation, transmettre les techniques de iaï-jutsu du XVe siècle. L’arrivée des Européens Au milieu du XVIe siècle, les eaux qui entouraient l’archipel nippon étaient de plus en plus fréquentées par les commerçants et les aventuriers occidentaux malgré le contrôle des mers par les redoutables pirates japonais (wako). Débarquant d’une jonque en 1543 à Kyushu, les premiers européens – trois aventuriers portugais – prirent contact avec le seigneur de Tanegashima. Celui-ci fut vivement intéressé par la démonstration que firent les occidentaux de leurs armes à feu. Quelques mousquets furent échangés et aussitôt copiés et fabriqués par les armuriers de l’île. Six mois après, ce seigneur disposait déjà de six cents exemplaires de ces armes efficaces. Quelques années plus tard, en 1549, une petite mission jésuite, dirigée par saint Françoit-Xavier abordera à son tour Kyushu. Ces missionnaires espagnoles impressionnèrent vivement les japonais par leur rigueur morale, leur fierté naturelle, l’obéissance à leur supérieur et le dépouillement matériel dans lequel ils vivaient. Leur mode de vie et ses contraintes se révélaient proches de l’existence des bushi. Le respect porté aux Jésuite permit à ceux-ci de convertir de nombreux samouraï. L’un d’eux, Omura Sumitada, daimyo de Nagasaki, ouvrira son port aux commerçant étrangers en 1571. Momoyama (1573-1603) Oda Nobunaga (1534-1582), petit seigneur d’Owari, après s’être imposé au sein de sa famille commençait une lente ascension vers le pouvoir. Grâce à la qualité de ses guerriers il défit en 1560 le puissant daimyo Imagawa. Moins de dix ans après, Nobunaga contrôlait le centre du Japon et occupait Kyoto. Il mènera ensuite une lutte sons merci contre les sectes bouddhiques et détruira les monastères fortifiés ainsi que le centre religieux du mont Hieï (1571). En 1573, Nobunaga fera emprisonner le shogun Ashikaga Yoshiaki. Mettant un terme au shogunat des Ashikaga il assurera personnellement le pouvoir. Il eut encore à prouver sa supériorité militaire en 1575 au cours de la bataille de Nagashino. Face à l’armée du domaine de Takeda, numériquement supérieure, Nobunaga aligna 300 samouraï et paysans armés de mousquets ; les vagues successives de la cavalerie adverse furent totalement anéanties par les salves alternées de ses mousquetaires. Cette victoire montrait clairement, lors de batailles rangées, la fin de la suprématie des bushi équipés de leurs armes traditionnelles dont la maîtrise avait demandé une formation très dure suivie d’un entraînement quotidien. Cette formation qui permettait jusque-là une efficacité exceptionnelle était réduite à néant face à une troupe de paysans armés de mousquets et formés en quelques semaines. Cependant, malgré sa puissance, l’arme à feu ne remplacera jamais le katana, arme redoutable, mais surtout symbole du statut du bushi, chargée des valeurs ancestrales et morales. Seuls quelques ryu enseigneront le maniement des armes à feu comme technique complémentaire. Nobunaga concrétisa sa puissance en organisant en grandiose parade en 1581. C’est au faîte de sa gloire en 1582, qu’attaqué dans son palais, il disparut, probablement brûlé dans l’incendie de celui-ci, après s’être suicidé par le rituel seppuku. A l’annonce de sa mort son plus fidèle lieutenant, Hideyoshi (1536-1598), accourut dans la capitale, démasqua l’assassin d’Oda Nobunaga et le supprima moins d’une semaine après. Malgré ses origines modestes il fit rapidement reconnaître son autorité aux vassaux de son ex-maître. Il établit son gouvernement militaire dans le temple fortifié d’Osaka et, prenant en 1585 le titre de Kampaku (régent de majorité), il se fera construire un nouveau palais au sud de Kyoto portant le nom de momoyama (la colline des pêchers). Il s’emploiera alors à réunifier totalement le Japon féodal qui avait connu bien des troubles durant les guerres civiles de l’époque Ashikaga. Après que les clans de Shimazu et de Satsuna aient fait leur soumission, Hideyoshi décréta l’expulsion des missionnaires chrétiens. Un autre décret, dit de la « chasse à l’épée », stipula que tous les roturiers devaient remettre leurs armes sous le prétexte de récupérer le métal nécessaire à l’édification d’une monumentale statue de Bouddha. Hideyoshi devra encore soumettre les Hojo à Odawara en alignant près de deux cent mille guerriers. La paix affermie, Hideyoshi disposait d’une puissante armée inoccupée. L’inaction des bushi le préoccupant, il envoya combattre en Corée une expédition de 160000 hommes. L’intervention des armées chinoises obligea les Japonais à se replier. Une deuxième expédition sera monté en 1597, mais la mort d’Hideyoshi, l’année suivante, mettra un terme à cette tentative de conquête du continent. Tokugawa – Edo (1603-1868) Le principal vassal d’Hideyoshi, Tokugawa leyasu, tentera de s’imposer. Il devra d’abord triompher des daimyo rebelles à la bataille de Sekigahara (1600). Ceux qui s’étaient ralliés à ses cotés porteront le nom de fudai daimyo; les autres, qui feront allégeance près ce conflit, seront nommés tozama daimyo. Après avoir pris le titre de shogun, leyasu transféra la capitale à Edo (Tokyo), ville qui donnera son nom à la période de pouvoir absolu des Tokugawa qui durera plus de deux siècles et demi (1603-1868). Afin de s’assurer le contrôle de la puissance que représentait alors la caste des bushi, les Tokugawa décrétèrent une série de règles et de lois strictes et, s’inspirant des théories sociales confucianistes, une hiérarchie rigide fut établie. Composée de quatre niveaux hermétiquement cloisonnés, les marchands occupaient le bas de l’échelle sociale (les eta ou inin « non-homme » acteurs, bouchers, tanneurs…étant hors caste), puis venait les paysans, les artisans, et enfin au sommet de cette pyramide, la classe des guerriers, les bushi, appelés samouraï en Occident. Les bushi, qui constituaient près de 7% de la population que comptait alors le Japon, formaient une classe privilégiée, parfaitement structurée et totalement isolée du reste de la nation. Des édits très précis fixaient leurs relations et leur mode de conduite en toutes circonstances, définissant même les contraintes vestimentaires auxquelles ils devaient se plier. Le sabre (katana), symbole de la fonction et du statut de samouraï était traité avec une attention particulière. Le bushi, et lui seul, avait le droit et le devoir de porter le katana et le wakizashi, passés à travers la ceinture (obi), le tranchant vers le haut. Cette ensemble portait le nom de daisho (le long et le court). Les fourreaux décorés étaient réservés au bushi d’un certain rang, les saya noires et laquées étant les plus courantes. Les deux sabres étaient portés en permanence et, même dans sa demeure, le samouraï ne s’en éloignait jamais. En visite chez un ami ou un supérieur hiérarchique, il était contraire à l’étiquette de garder sur soi le katana. Remis dès l’entrée à un serviteur, celui-ci en prenait le plus grand soin. Le visiteur conservait toujours à sa ceinture le wakizashi. L’hôte, de son coté, gardait à portée de main, tsuka vers l’avant, posés sur un râtelier, les sabres familiaux, objets de vénération ancestrale mais aussi armes défensives redoutables. Les compliments d’usage sur la beauté et la qualité de ces armes étaient les bienvenus. Si l’hôte proposait de faire admirer la qualité de ses lames, des règles précises régissaient la manipulation des sabres. La lame, dégagée très lentement, n’était jamais sortie complètement de la saya tenue de la main droite, cette saisie n’autorisant pas une attaque inopinée. En aucun cas on ne touchait la lame avec les doigts, un papier doux était utilisé. Puis la lame était rengainée avec lenteur et respect. Parmi les règles prescrites aux samouraï, le Buke Sho-Atto (Règles des familles guerrières) rédigé par le moine zen Suden, à la demande d’Ieyasu en 1615, avec ses trente clauses spécifiant les attitudes et les règles à observer par les bushi, peut être considéré comme le premier traité écrit sur le Bushido qui jusqu’à cette date était un code transmis oralement. Ces règles seront reprises par Jocho Yamamoto en 1716 dans son Hagakuré, puis par Izano Nitobe en 1899 dans le recueil publié en 1920, en anglais, sous le nom de Bushido, the soul of Japan. Malgré leur parfait contrôle du pays, les Tokugawa se méfiaient des puissants seigneurs de province (daimyo). Afin d’étouffer les conspirations toujours possibles, le gouvernement central imposa en 1635, aux chefs de clans importants, l’obligation de séjourner périodiquement à Edo où il était plus facile de les surveiller. Lorsqu’ils retournaient sur leurs terres, leur famille restaient et otage près du palais shogunal. Ce système de rotation annuel des daimyo (sankin-kotai), permettait aussi de limiter leur pouvoir financier. En effet, l’entretien des importantes processions qui se croisaient sur le Tokaïdo (route de Kyoto à Edo) coûtait fort cher au Bushi de haut rang dont les équipages rivalisaient d’importance et de luxe. L’influence étrangère, considérée comme dangereuse, fut aussi écartée. Après avoir chassé les Espagnols (1624) puis les Portugais (1638), accusés d’avoir comploté avec des rebelles chrétiens, les Tokugawa fermèrent le Japon au monde extérieur en interdisant aux Japonais de quitter le pays ou d’y revenir s’ils se trouvaient sur le continent. Ces mesures furent renforcées par l’arrêt de la construction de bateaux de fort tonnage qui auraient pu permettre une liaison marchande avec le continent. Le Japon, replié sur lui-même, gardera alors le même mode de vie pendant plus de deux siècles. L’ordre social, solidement établi, ne fut pratiquement pas troublé malgré quelques tentatives de révoltes paysannes qui furent rapidement écrasées. Le seul facteur qui aurait pu inquiéter les Tokugawa était la prolifération des samouraï sans maître, les ronin (hommes de la vague). La structuration du Japon avait fait disparaître de nombreux clans dont les samouraï, se retrouvant sans maître et sans pension, n’avaient plus leur place dans la rigoureuse stratification des Tokugawa, et devaient vivre en marge de la caste des bushi. D’autres avaient pu quitter leur seigneur pour diverses raisons dont la plus importante était la difficulté de supporter leur isolement hautain. Quelques-uns, malgré leur sévère éducation, n’avaient pu accepter une remontrance mettant en cause leur honneur. Ils se retrouvaient alors condamnés à une vie errante, dans l’impossibilité de s’intégrer à un groupe reconnu, se livraient au chapardage ou bien devenaient bandits. D’autres ne supportant pas le déshonneur de la déchéance ou de la mort d’un maître faisaient justice eux-mêmes puis se suicidaient par seppuku. Parfois ils louaient leur savoir-faire martial, initiant quelque non-bushi aux techniques du sabre et du combat. C’étaient en effet des guerriers redoutables. Rejetés de la société, ils étaient fréquemment pris à partie ou provoqués par des samouraï dépendants d’un clan. La période pré-Tokugawa permettait au bushi d’exprimer sa vitalité et sa maîtrise des techniques de combat sur les champs de bataille. La longue période de paix qui suivit le frustrait de ses ardeurs guerrières, qu’il ne pouvait prouver qu’à travers un entraînement très dur, à l’occasion d’un combat singulier, ou encore lors du châtiment d’un membre d’une caste inférieure sur lequel le bushi avait le droit de mort. Un édit spécifiait que le châtiment immédiat et suprême devait punir celui qui lui manquait de respect (kiritsuke gomen). C’était là un moyen peu risquer de tester sa lame. Cela se révélait moins facile avec un ronin dont l’habilité à manier le sabre était la seule sauvegarde. Sans cesse en éveil, il devait être capable de répondre à toute attaque inopinée, dégainant le katana et portant dans le même temps une contre-attaque. Les techniques de iaï-jutsu qui se développaient prirent en compte toutes les situations de la vie habituelle et le samouraï devait être capable de répondre à une attaque inopinée lorsqu’il marchait, se restaurait ou se reposait. Développé et affiné, tendant à la perfection technique par un entraînement journalier intense, le iaï-jutsu arriva à un très haut niveau d’efficacité. Certains maîtres mirent alors l’accent sur le développement mental, spirituel et esthétique de leur art. Parallèlement les techniques devenaient plus défensives. L’idée de l’ennemi à abattre se transformait lentement en un combat contre soi-même ou la concentration, la tranquillité de l’esprit, le rythme respiratoire et la pureté du geste devinrent fondamentaux. Moins affecté que le ken-jutsu par l’arrêt des activité militaires, le iaï-jutsu, grâce à ses possibilités d’entraînement solitaire, continua à se pratiquer et à se perfectionner. Imprégné de shinto, de zen, et de confucianisme, il deviendra au début de la période Meji la forme la plus pure et la plus dépouillée des arts martiaux, le iaï-do. L’isolement imposé par les Tokugawa, le gel des institutions politico-sociales et l’autosuffisance agricole avait permis de maintenir le pays en paix pendant deux siècles et demi. Les commerçants enrichis pendant cette longue période et quelques samouraï ressentaient le besoin de contact avec l’étranger qui n’était accessible qu’à travers quelques livres importés d’Europe. Conscients du fossé creusé par leur isolement, certains érudits étudièrent la langue des néerlandais (seuls Européens à avoir encore des contacts avec le Japon) afin d’aborder les techniques occidentales. Un bureau fut même créé et chargé de la traduction d’ouvrages. D’autre part, les Occidentaux, dont les navires commerçaient déjà avec tous les ports d’Asie, désiraient que leurs bâtiments puissent relâcher dans les eaux nippones. Les Américains décidèrent de contraindre les Japonais à ouvrir leurs ports au commerce. L’amiral Perry, commandant d’une escadre de voiliers et de bateaux à vapeur, déposa une demande en ce sens au Japonais en 1853. De retour au Japon un an plus tard, il obtiendra par le traité de Kanagawa l’ouverture des ports de Hakodate et de Shimoda, où le premier consul américain Townsed Harris s’installera deux ans après. Les Japonais qui avaient vu les « vaisseaux noirs » de l’amiral Perry avaient été vivement impressionnés par leur puissance. Il en était tout autrement des bushi des fiefs de Satsuna et de Choshu dont les canons ouvrirent le feu sur des navires européens. En représailles, Kagoshima, la capitale de Satsuna, sera détruite par une escadre anglaise en 1863. L’année suivante, Shimoseki, appartenant au clan Choshu, subira le même sort. Meiji (1868-1912) Le régime du shogunat, établit depuis le fin du XIIe siècle par Minamoto Yorimoto, prit fin en 1867 lorsque Tokugawa Keiki, quinzième shogun des Tokugawa, restitua le pouvoir à l’empereur Meiji. Celui-ci quitta alors Kyoto et s’installa à Edo qui portera désormais le nom de Tokyo. Le déclin de la masse des bushi, déjà amorcé sous l’ère Tokugawa, s’accentua. La dégradation de l’état de samouraï fut provoquée par une suite de mesures qui ôtèrent en une dizaine d’années les prérogatives et les privilèges des familles de bushi: Ce coup de grâce, porté au symbole du statut des bushi, fut assez mal accueilli par la caste guerrière. La rapidité avec laquelle avait été balayées les structures féodales établies depuis plusieurs siècles et la suppression des privilèges accordés aux bushi amenèrent les plus conservateurs d’entre eux à se rebeller. L’ultime et la plus violente réaction eut lieu en 1877. Saigo Kamori, qui avait démissionné d’un poste important au gouvernement, retourna dans sa province natale de Satsuna et y fonda des écoles de bujutsu dans lesquelles les bushi, désemparés et humiliés par les décisions gouvernementales, se précipitèrent. Prenant la tête d’une petite armée de 40000 samouraï, Saigo tenta un soulèvement. Ses troupes furent anéanties par une armée de conscrits équipés d’armes à feu. Les quelques survivants firent seppuku et Saigo demanda à l’un de ses lieutenants de le décapiter. La longue histoire des samouraï se terminait à Kagoshima. Les vagues d’occidentalisation se succédèrent pendant toute la fin du XIXe siècle et les Japonais comblèrent rapidement leur retard industriel et économique. C’est en nation forte et puissance internationale que le Japon aborda le XXe siècle. Les visées expansionnistes de la castre militaire toute-puissante entraînèrent alors les Japonais dans une longue période de conflits qui opposèrent le pays à la Chine et à la Russie. Plus tard, sous l’ère Taisho (1912-1926), le Japon apporta son soutien industriel aux Alliés pendant la Première Guerre mondiale. Il n’en sera pas de même sous l’ère Showa (à partir de 1926) lors de la Seconde Guerre mondiale. Après avoir signé un pacte avec l’Allemagne et l’Italie, le Japon entra en guerre en 1941 en détruisant la flotte américaine du Pacifique à Pearl Harbor. L’énorme machine de guerre des Etats-Unis se mettra alors en route. Après la défaite allemande et les bombardements atomiques des villes d’Hiroshima et de Nagasaki (en 1945), l’empereur Hiro Hito demandera à son peuple de s’incliner. En remettant leur capitulation au général Mac Arthur, les Japonais verront pour la première fois de leur histoire leur pays conquis et occupé. La présence américaine dura sept années pendant lesquelles le Japon se reconstruisit. Ces quelques années permirent aussi de poser les bases d’échanges économiques fructueux entre les deux pays. Pendant cette période d’occupation, les Américains qui redoutaient une résurgence du nationalisme et du militarisme interdirent la pratique des arts de combat. Les forces d’occupation quittèrent le Japon en 1952. Malgré la disparition de nombreux sensei pendant la guerre, les arts martiaux connurent un nouvel essor. Les ryu de budo du début du siècle ouvrirent de nouveau leurs portes et les élèves affluèrent pour pratiquer diverses disciplines: Dès 1952 la fédération nationale japonaise de kendo fut fondée. Des cours furent créés dans les écoles primaires dès 1957 et, en 1962, le kendo fut rendu obligatoire pour les étudiants des écoles primaires et des lycées. Quand les troupes américaines d’occupation retournèrent dans leur pays, près de ceux cent mille lames partirent avec elles. Ces sabres, chargés d’histoire, furent emportés par les soldats qui avaient pu juger de l’efficacité des techniques japonaises de combats. Beaucoup avaient assisté à des démonstrations de budo; ils se passionnèrent pour ces arts et, à leur retour, les écoles enseignant les disciplines japonaises fleurirent aux Etats-Unis. L’art du sabre n’était plus limité au seul Japon. Sa pratique atteignit l’Europe, et parvint en France…